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Liège, hélas
30 avril 2013

Mercis

À toutes celles et à tous ceux qui ont réagi d'une manière ou d'une autre à mon précédent message. Cela me touche. Mais que l'on me comprenne bien, un logement à 750 euros, comme m'a renseigné une connaissance ce n'est évidemment pas dans mes cordes. Puis, de toute manière, comme j'en ai déjà fait l'expérience à plusieurs reprises dans le passé: non, on ne loue pas aux invalides, vous touchez trop peu. Dont acte.

Je songe toujours à Lantin *. Mais l'idée de la cocotte-minute ne me tente pas vraiment. Une histoire que racontait souvent papa m'est revenue à l'esprit tout à l'heure.

Ce sont deux amis qui se rencontrent dans la rue. Ils ne s'étaient plus vus depuis dix ans. Et qué novelle ? Le premier dit que ça va plutôt bien pour le moment mais qu'il traînait derrière lui une lourde casserolle. Quelques années plus tôt, il avait assassiné ses voisins, leut tête ne lui revenait pas et il avait été condamné à six mois à Saint-Léonard **. Et toi ? Ben moi, j'en sors tout justement. J'avais volé une bobine de fil au Grand Bazar *** pour ma femme et j'en ai pris pour dix ans.

Il racontait ça au début des années 60, à une époque où la Justice était plus juste que maintenant comme disent les cons d'aujourd'hui. J'ai eu aussi droit à des réflexions plus malodorantes. Demande un logement social, mais épouse une Arabe, Marocaine ou Turque (bel amalgamme) Tu auras un logement dans la semaine. Ça ne me fait pas rire...

* (à l'attention des lecteurs non belges) Prison sise à la campagne, rue des Aubépines (je n'invente rien) aux abords de Liège. Le plus grand établissement pénitentiaire de Belgique. À Luik, on n'a plus rien de grand, sauf la prison. Construite sur les modèles les plus pointus de ses soeurs étasuniennes, elle est considérée par nombre de citoyens comme une prison cinq étoiles. C'est vrai que, pour permettre une réinsertion sociale plus rapide à leur sortie de l'hôtel, on y pratique régulièrement la cohabitation qui consiste à loger trois ou quatre habitants dans une pièce d'une douzaine de mètres carrés. Les habitants y sont logés, nourris, blanchis gratuitement. La distribution massive de psychotropes est également frretax. Tant qu'on y est, les habits des locataires ont été dessinés par Dior. Vue imprenable sur ce qu'il reste de la campagne. 

** L'ancêtre de Lantin. Prison mythique sise dans le coeur historique de Luik jusqu'au début des années 80. L'ensemble faisait penser à un sinistre château-fort du Moyen-Âge. Les murailles noires de crasses donnaient une idée de l'état des cellules intérieures. Prison néanmoins d'avant-garde car la cohabitation y était la règle générale. Par beau temps, entre deux charrois d'autobus, l'on pouvait aisément entendre les concerts donnés par les locataires. On assister au spectacle théâtral gratuit donné par les femmes de prisonniers à l'heure des visites. Sint Lînô, comme disaient les Liégeois qui parlaient encore wallon, a été détruite pour faire place d'abord à un terrain vague transformé aujourd'hui en une esplanade où il ne se passe presque jamais rien, ce qui est inscrit dans l'ADN de Luik. Je signalerai quand même que, sur cette esplanade, le périmètre de l'ancienne prison est délimité par une longue phrase écrite par mon ami Eugène Savitzkaya. Sans vouloir faire de peine à Eugène, je mets ce qu'il me reste de couilles au feu en osant affirmer que personne ne l'a jamais lue. Déjà que lire est chiant et dépassé, on va quand même pas se risquer un lumbago en se penchant. Si ? En plus, Savitzkaya, qui c'est ? Un russo-polonais qui vient manger les blinis des Belges ? Tout en profitant de notre généreux système ? Si ça trouve, il est même Juif...

*** Mythique grand magasin du siècle dernier sis sur la place Saint-Lambert désormais sinistrée. Construit sur le modèle des grands magasins parisiens. Célèbre pour sa façade (miraculeusement conservée) et sa semaine de la Saint-Nicolas où les enfants pouvaient aller rendre visite au grand saint dans un décor féérique. En plus d'une poignée de bonbons divers, l'enfant ressortait de là avec un "cliquet" ou un "criquet". L'un ou l'autre se disaient ou se disaient. Sorte de peti jouet que les parents s'empressaient de jeter à la poubelle une fois rentrés tellement le bruit les avait fait chier pendant le trajet dans le tram.

Maman, où il est passé mon cliquet ? Tu as dû l'oublier dans le tram. Mais non, maman, je l'avais en rentrant ! Où il est passé mon cliquet ? Tais-toi et mange ta soupe. Et c'est ainsi que les enfants d'alors faisaient connaissance avec les premières larmes...

Post scriptum : Les grands magasins m'ont toujours fascinés. Je me souviens d'une phrase de Perec dans son livre Je me souviens. Je la cite de mémoire:

Je me souviens d'une publicité de la Samaritaine qui disait "À la Samaritaine, j'y vais les yeux fermés". Je me souviens de la publicité du Louvre voisin quelques jours plus tard et qui disait "Quand je les ouvre, je vais au Louvre"...

 

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