La main morte

L'an dernier, quand je fus emmené aux soins intensifs, je me souviens qu'une infirmière maladroite m'avait fair hurler de mal en me posant un cathéter. Acte généralement indolore. J'étais dans un semi-coma, ça n'avait pas d'importance. Quelqu'un, je ne sais plus qui, m'avait aporté un portable. Il ne m'était d'aucune utilité car mes doigts étaient incapables de composer un numéro, tellement ma main était encore douloureuse. La première infirmière avait-elle touché un nerf, un tendon ? Je ne sais pas. Au bout d'une quinzaine de jours, une kiné me réapprit d'abord à remarcher. Allez, monsieur, aujourd'hui on va essayer de monter trois marches d'escalier... Puis cinq. Comme c'était amusant. Elle entreprit aussi de rééduquer ma main. C'était moins amusant comme exercices. J'avais toujours mal. Puis, au bout d'un mois, je suis sorti...

Aujourd'hui, je devais écrire une lettre à ma fille ainsi que rédiger un témoignage pour un procès. Je m'y suis repris au moins une dizaine de fois avant d'arriver à quelque chose de plus ou moins lisible. Ma main ne répondait plus vraiment. Ma graphie, dont les gens disaient toujours qu'elle était magnifique, semblait un gribouillis d'enfant apprenant à écrire. J'ai laissé tomber le témoignage. J'étais comme assomé. Pleurant de rage contre moi-même, j'ai pris une plume, de l'encre de Chine pour tenter de faire une calligraphie. C'était encore pire. Forcément.

Adieu donc calligraphies, adieu aussi dédicaces de mes libres. Bah, c'est pas bien grave, je pourrais toujours signer d'une croix.

Heureusement, il reste le clavier...

Comments

[philongena]

Claviottons en cœur, encore et encore, même pour des prunes !

Viva les voies reptiliennes de la survie.

[philongena]

Claviotte encore mon ami...