Quoi ma gueule ?
Ce matin, j'ai trouvé un article intéressant sur Rue 89 culture. Je vous donne le lien parce que l'article est long et que je n'ai pas le temps de le résumer étant en ce moment fort pris par l'étude du comportement pré-sexuel des bergeronnettes. D'autant plus que cet oiseau a disparu de nos contrées.
D'entrée, j'y apprends quelque chose d'incroyable. C'est que la qualité d'écriture, chez nombre d'éditeurs, est finalement secondaire. Mon diable, quel scoop ! Ça fait longtemps que Gaston Gallimard (ce vieux coffre-fort qui fait blabla, comme disait Céline) et Jérome Lindon sont morts. Vous connaissez ? Ces deux vieux dinosaures qui, avant de publier un livre, lisaient encore les manuscrits. Ça fait laide lurette que le critère de la belle écriture a été plongé dans les oubliettes. Mieux vaut, aujourd'hui, être capable de manier le sujet-verbe-complément avec un chapeau sur la tête tout en mangeant des poires pourries que d'avoir du style. Le style, djustumint, c'est plutôt un handicap dans un CV d'écrivain. Mieux vaut avoir une gueule aussi belle qu'un cerveau vide.
Quand mon livre a été publié (je dis "mon livre" parce que ce sera le seul et que j'en ai marre autant de la tarte aux groseilles que de la littérature à maquereaux) on avait exigé de moi une photo pour le quatrième de couverture. J'avais refusé. Mais, les marchands de minerai de cheval sont passés maîtres dans le chantage. Pas de photos, pas de livres. Et en quoi, ma gueule allait-elle faire exploser les ventes ? Mais, vous avez une vraie tête d'écrivain, monsieur Orban. C'est quoi, ça ? Et une bite d'écrivain, c'est quoi ?
Maintenant, avec le recul, je me dis que si j'avais mis en couverture une photo de moi en train de me faire tailler la plume par la Cicciolina, le livre se serait peut-être vendu à cent mille exemplaires. Pour la couverture, pas pour le contenu...
C'est bien parce que j'ai décidé de ne plus écrire, sinon, j'avais de quoi faire un best-seller sur mes nuits passées avec Anne Sinclair...