Un samedi comme les autres

Ma fille était heureuse ce matin. Comme son papa, elle aime bien les chats et il y en avait un nouveau à la maison. Une nouvelle plutôt. Une siamoise bâtarde qui a passé son temps à se planquer dans les endroits les plus incroyables. C'était amusant de voir leur partie de cache-cache. Des chats, j'en ai toujours eu. Je ne sais pas pourquoi le courant passait toujours bien entre eux et moi. Je me souviens de Rouston qui venait chercher le journal avec moi tous les matins et qui, quand je revenais du semblant de travail que je faisais, voulait toujours faire une promenade au Botanique. Il y avait aussi Miro que j'avais appelé ainsi parce qu'il avait des taches noires semblables à celles que déposait le peintre sur ses toiles. Miro m'a fait gagné pas mal de paris. Je lui lançais une balle et il me la rapportait pour que je la lui relance. Tout le monde me disait que c'était impossible. Une nuit, dans un petit resto de Luik, une jeune dame quelque peu hautaine était entrée avec son chat sur son épaule. Personne n'oserait prendre mon chat sur lui, clamait-elle très fière. Vous croyez? J'en suis certaine. Et s'il vient sur mes genoux? Alors là, je vous offre le repas. Le chat est resté toute la soirée sur mes genoux. La fille m'a quand même payé le repas. Elle n'en revenait pas. 

Le dernier chat, je l'avais appelé Blue. C'était un chat tout noir. Il est mort, comme tous mes chats, empoisonné par l'un ou l'autre aimable voisin. Une belle mort, avec une agonie longue et lente. Et des cris de douleur à vous donner envie d'aller chercher une hache pour le décapiter. Avec Elise, on l'a enterré dans le jardin. Comme tous mes autres chats. Je me suis dit que c'était le dernier. 

Et puis voilà qu'arrive cette bâtarde siamoise. Avec des yeux bleus d'amoureuse secrète. Les chats, c'est comme les amoureuses. Un pas en avant pour les caresses et trois en arrière à cause des caresses. On attend leurs ronrons et ils ronronnent leur "non".

Elise cherchait le nouveau chat. J'en ai profité pour nettoyer le grand miroir, prendre les poussières derrière le foyer, ôter les toiles d'araignée de Halloween 2010. Bref, un samedi comme les autres...

Comments

[Cybèle]

J'aime beaucoup cette expression "prendre les poussières".

[Michèle P]

Les chats sont indépendants et aucune caresse ne les fera rentrer dans le rang. C'est pour cela qu'ils ont de grandes griffes...