Des perverses II

Au Mexique, ma compagne d'alors, je ne sais pas pourquoi, me demandait souvent d'aller lui acheter ses tampons. Déjà que le voisinage se demandait si je n'étais pas pédé parce que je faisais les courses, la cuisine etc, mais bon, je m'en foutais. Elle m'aurait même demandé de lui acheter une petite culotte de coton, ça n'avait pas d'importance. Sauf que, la première fois, j'ai dû longtemps chercher pour trouver sa commande. À la caisse, la petite Dolores prit le petit paquet et me demanda: "c'est quoi ça? à quoi ça sert"? Je n'allais quand même pas lui demander de soulever sa robe et de lui fournir le mode d'emploi. C'est pour les femmes, lui dis-je, une semaine par mois. Elle rougit. 

C'était une drôle de petite femme. Vingt ans à peine. Il lui est arrivé, à plusieurs reprises de ne pas pointer la marchandise la plus chère en me faisant un clin d'oeil. Un jour, j'eus l'attention attirée par un bruit étrange. C'était Dolores qui était derrière moi. Elle faisait rebondir sur le sol un ballon de foot pour enfants. Qu'est-ce que tu fais ici? Tu n'es pas à ta caisse? Si, mais il n'y avait pas de prix sur le ballon, alors je cherche l'étiquette. Ah, et tu cherches l'étiquette du ballon dans les fruits et légumes? 

Quand je disais aux amis qu'en trois ans je n'ai jamais fait l'amour avec une Mexicaine, ils se foutaient de moi. Et, pourtant, je le jure, je ne sais toujours pas quel était le goût de leur mangue.