Le premier disque...
... que j'ai acheté, il était double. C'était le concert de Bobino 69 de Léo Ferré. Je dois bien l'avoir écouté dix mille fois. C'était bien avant que j'achète ce disque que ma mère était venue briser dans ma chambre sous prétexte que, à quatorze ans, je n'avais pas à écouter cette ignominie qui, je cite, ne faisiait que parler du con d'une femme. Ça m'avait étonné que ma mère parle comme ça, d'autant plus que ne ne savais pas à quoi ça ressemblait, le con d'une femme, comme elle m'avait dit... Ça m'avait juste permis de pressentir que si l'on sortait du ventre d'une femme qui considérait qu'elle n'avait qu'un con, il ne me serait jamais possible d'aimer une femme.
Avez-vous déjà remarqué que je disais toujours "papa", et toujours "ma mère"? Ce n'est pas parce qu'elle vous a mit bas que vous êtes obligé de lui rendre un respect éternel. Donc, le con, comme elle m'avait dit...
http://www.youtube.com/watch?v=6chMjxZ3cHg
Plus tard, bien des années plus tard, alors que j'étais zunpeuivre, j'avais imité Léo devant Hubert. C'était périlleux. Léo, c'était vraiment le grand amour de Hubert. J'avais peur. Il pouvait se fâcher. Il riait. Mais, dis, Joseph, non seulement tu connais toutes les paroles par coeur, mais tu fais vraiment tous ses gestes...