Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Liège, hélas
20 novembre 2012

L'incroyable destin de Johann "Rukelie" Trollman

En 1932, Johann Rukelie Trollman monte sur un ring pour tenter de s'emparer du titre de champion d'Allemagne de boxe. Johann est un boxeur atypique qui fait se déplacer les foules à chacun de ses combats. Une sorte de Mohammed Ali blanc avant la lettre. Qui épuise ses adversaires grâce à ses pas de dans avant de porter l'estocade.

home_1_01

Un boxeur élégant qui fait chavirer le coeur des dames de l'époque qui se déplacent en nombre dans les salles pour voir combattre l'éphèbe... (à gauche sur la photo).

trollman-3

Ce jour de 1932, Johann affronte donc une certain Adolf Witt. Représentant typique de la race aryenne et grand favori pour la conquête du titre. Pourtant, au bout du sixième round, le bel Aryen s'effondre, épuisé. Se passe alors quelque chose de rare: les juges déclarent Witt vainqueur, considérant que la boxe de Johann est par trop effeminée! Et donc contraire aux règles du noble art. Dans la salle, c'est la cohue, presque l'émeute.Les juges se ravisent et finissent par accorder le titre à Johann. Qui se met à pleurer...

Il est vrai que, sous l'Allemagne nazie, décerner le titre de champion à un Tzigane, ça fait pas très über alles... Quelques jours plus tard, les autorités nazies lui retireront son titre sous prétexte que Johann avait pleuré et que ça devait faire un peu tantouze de voir un boxeur pleurer. Deux mois plus tard, les nazis lui accordent une deuxième chance. Il peut de nouveau combattre à condition de ne plus danser autour de son adversairer et d'adopter une attitude plus virile.

Johann avait un certain sens de l'humour. Il monte donc sur le ring, les cheveux teints en blond et le corps entièrement recouvert de farine. Il se place au centre de l'arène et, sans bouger une seule fois, laisse son adversaire le frapper sans réagir... C'est, bien entendu, la fin de sa carrière.

En 1939, une nouvelle loi nazie laisse la possibilité aux Tziganes d'échapper aux camps de concentration. Il suffit pour cela d'accepter de se faire stériliser. Johann accepte le deal. Pour le remercier, les Allemands l'envoient quelques semaines plus tard sur le front russe. En 1942, lors d'une permission, il est arrêté par la Gestapo et conduit dans un camp de concentration non loin de Hambourg. Où, en 1943, il fut battu à mort par un kapo.

En décembre 2003, la fédération allemande de boxe lui rendit son titre post mortem...

Publicité
Publicité
Commentaires
Liège, hélas
Publicité
Liège, hélas
Visiteurs
Depuis la création 240 756
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Publicité