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Liège, hélas
29 octobre 2012

Un quart d'heure

Durant la courte période où je l'ai connu, papa m'a au moins répété dix mille fois cette phrase "mi p'ti fî, mieux vaut arriver un quart d'heure à l'avance qu'une minute en retard". Diable sait pourquoi, j'ai toujours et continue toujours d'appliquer cette sentence. Il faudrait que je fasse un jour le compte des mois perdus à avoir attendu et attendu le plus souvent en vain. Parce que, le plus souvent, je me disais que la personne attendue avait peut-être un problème, se trouvait dans un embouteillage. Enfin, nimporte quoi comme excuse. Et que le quart d'heure se transformait très vite en heures...

C'était surtout le cas avec les femmes. Vous allez me dire qu'il n'y a pas beaucoup de femmes qui m'aient fixé un rendez-vous. C'est juste, mais, dans ce cas, chaque minute semblait une heure et j'aurais mieux fait de rester chez moi plutôt que d'attendre sous le pluie. Car rares sont les rendez-vous ensoleillés. 

Le Mexique m'a permis de prendre du recul. Quand, au resto, vous appeliez le garçon pour prendre la commande, il vous répondait par "un ratito". Un petit moment. Et ce petit moment signifiait au moins une heure. J'ai souvent quitté le resto en me disant que le gars se foutait de ma gueule sous prétexte que j'étais un gringo. Avant de comprendre que c'était comme ça là-bas. Si vous invitiez un Mexicain à venir manger à huit heures, vous pouviez toujours commencer à préparer le repas à 22 heures, il serait juste à point au moment où l'invité débarquait. 

Passons.

Elle (!!!) m'avait donc donné rendez-vous à midi et je fus très étonné de voir qu'elle était à l'heure pile. Elle avait l'air un peu nerveuse. Pensez donc, passer ne serait-ce qu'une heure avec l'horrible auteur de ces lignes, il y a de quoi vous donner des cauchemars. Elle tourna à droite au lieu de prendre à gauche. Puis se mit à parler, parler, craignant une seconde de silences. Trois heures plus tard, je finis par lui dire que ce qu'il y avait de bien avec elle, c'est que je n'avais pas besoin de dire un mot. J'en avais peut-être déjà trop dit...

Elle parla d'elle, de son vécu, de son passé. Cela faisait au moins quinze ans que je ne l'avais plus vue. Elle n'avait pas beaucoup changé, c'était toujours une belle femme qui avait toujours été persuadée qu'elle était laide et conne. Comme beaucoup de belles femmes intelligentes. Une vraie laide conne étant, elle, persuadée de sa beauté et de son intelligence. 

Je n'ai pas eu le temps de lui parler de mon génie, ni d'autres menus traits qui font que je suis un être plus qu'exceptionnel. Cette première nuit d'automne tombait une heure plus tôt que la veille. Elle s'en alla donc peu avant le crépuscule. Me laissant écouter Miles Davis en boucle de boucle...

http://www.youtube.com/watch?v=OddHP8_Em7s

 

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