Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Liège, hélas
24 septembre 2012

Les vieux copains

Lorsque j'étais "dolescent" et trainais mon ennui dans cette Herstal glauque n'ayant qu'une seule envie, celle de ne jamais avoir vingt ansn du moins, de ne jamais vieillir, je pensais très souvent à ceux qui m'avaient déjà quitté. La vieille Elise, Lisa, ma grand-mère maternelle, partie dans son lit pendant la nuit. Mon père aussi, bine sûr. C'étaient dans l'ordre des choses, ils étaient déjà vieux. Beaucoup plus que moi, qui traînais mon ennui dans cette Herstal glauque.

Puis, il y eut les amis, au temps de l'école, emportés par la maladie, la route, peu importe. Ça faisait comme un grand vide, un grand froid d'injustice. Mais on bouliait plus ou moins vite. N'avions-nous pas toute la vie devant nous? Et l'insouciance de la mort qui, pourtant, était la seule certitude de l'homme.

À quarante ans, on prend conscience que l'avenir n'existe plus, que la pente est déjà descendante. Mais on croit que l'été est toujours là alors qu'on est au septembre de la vie. Je me souviens, voici quinze ans, lors d'une sortie entre amis leur avoir dit: vous croyez pas qu'il serait bien que l'on réserve déjà tout un étage du Valdor pour toujours être ensemble? On avait ri. Le Valdor, à Liège, on l'appelle aussi le "mouroir". C'est là que s'éteignent les vieux, dans leur petite chambre. Quatre mètre sur trois. Peut-être une tévé. Une bouffe un quart d'étoile. Des connes d'infirmières qui vous appellent papy ou mamy avec une impudeur honteuse...

On avait ri. On s'était dit: oui, on résevre un étage, on fout le bordel, on pisse ou pire encore dans nos lits, toute manière, on aura alzheimer comme excuse. On fera du lancer de cannes, de béquilles ou de chaises roulantes. On écoutera les Stones ou Janis Joplin à fond. Toute manière, on aura l'excuse d'être sourds. La police interviendra quelque fois parce que l'on aura déversé l'urinal sur la tête des très rares visiteurs. Car il est clair que nos enfants, s'il y en a n'auront même pas l'excuse d'une promesse d'héritage pour fait semblant de venir nous dire bonjour tous les six mois. Dans un premier temps. Un anonyme les avertira un jour par téléphone de notre départ. Et ils demanderont "Qui ? Ah, oui, ma mère, mon père". Et ils raccrocheront en disant merde, putain quelle chiante, quel salaud, claquer juste au moment qu'on allait partir en vacances...

On avait ri. On avait quarante ans. Et, malgré tout, on ne savait pas encore que la vieillesse pour arrivait dessus plus vite que la marée au Mont Saint-Michel. Et que les portes du Valdor sont déjà prêtes à s'ouvrir...

D'autres amis sont morts. D'autres survivent. Ils marchent plus lentement. Ils ont les cheveux de plus en plus sel. On se voit de moins en moins souvent. L'une à cause du coeur, l'autre de la prostate. On reçoit les pubs de chez Damart. Ou pire encore.

Je pensais à tout cela et puis j'ai retrouvé une chanson de Léo. Pour les mots. Pour la musique. Mais aussi pour les gestes de tendresse de Marie à la fin de la chanson...

http://www.youtube.com/watch?v=uTiN_Bq7Bl4 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Liège, hélas
Publicité
Liège, hélas
Visiteurs
Depuis la création 240 756
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Publicité