Choses vues
L'hôpital est, sans doute, un merveilleux observatoire d'ethnologie. Il suffit d'être un peu observateur. Lorsque je vivais au Mexique, j'avais lu un jour qu'une conversation ordinaire entre Mexicains frôlait facilement les 100 décibels. Le mois passé à la Citadelle m'a permis de me rendre compte qu'il y avait des peuplades bien plus bruyantes. à se demander comment c'est possible...
Huit heures de soir, elle accompagne son bébé malade. Ce qui n'est jamais une partie de plaisir. Elle est énervée. Son bébé aussi. Il pleure. Il a soif. Tu m'énerffes hein à toujours vouloir boire. Allez, tiens, ça va te calmer. Elle ouvre une boîte de Coca et remplit le biberon de l'enfant! Notez qu'à choisir, c'est encore préférable à du Calva...
Dix heures du soir. Il a appelé l'infirmière. Il l'appelle de nouveau cinq secondes plus tard. Il l'insulte. Il lui lance une assiette. Les vigiles interviennent. Il ne connaît que quelques mots de français, du style "pouffiasse" ou "sale pute". Elles est seule de garde. Elle a la cinquantaine épuisée. Une fois de plus, je me dis que les infirmières devraient obtenir la retraite à quarante ans.
Ils ont la soixantaine. Ils arrivent peu avant la fermeture des portes. Ils ont chacun un sac de plastique pour tout bagage. Il dort assis. Il laisse sa compagne d'infortune se coucher. Elle s'endort dans ses bras. Ils s'éveillent à sept heures et vont faire un brin de toilette dans les toilettes. Ils profitent des heures de visite pour voir si des journaux ne traînent pas. Ils lisent les nouvelles d'avant-hier. Parfois, des gens leur offrent un café, un croissant. Des infirmières, un bol de soupe. Nous sommes le 20 avril 2012. Pas au temps de Zola.