Une semaine que ça dure...

La petite grande surface au-dessus de ma rue est maintenant rénovée après deux mois de travaux intenses. À peine a-t-on franchi la porte que l'on est reçu par une jeune dame dans la trentaine, tailleur bcbg, jupe s'arrêtant au genou, bas noirs, évidemment, enfin, bas noirs, collants (quand je serai dictateur, je ferai condamner à mort l'inventeur de cette monstruosité), bref, style escort-girl qui sait que, dans quinze jours, elle va se retrouver sans emploi. Alors, elle s'avance vers vous. Non pas pour vous prouver qu'elle porte des bas ou des collants, mais pour vous aider. Aider à quoi? Bonjour Monsieur. On leur a même appris à mettre la majuscule dans la voix. Aujourd'hui, c'était une nouvelle. La précédente avait compris de suite, à mon regard bleu noir, que j'avais pas envie qu'elle vienne m'emmerder. Ce matin, c'était une blonde. Je ne sais pas pourquoi, je n'aime pas les blondes. Ni les brunes, ni les rousses d'ailleurs, mais ce n'est qu'un détail. Donc, elle vient pour me présenter son nouveau gadget. Ça s'appelle un "selfscan". Vous achetez (le plus possible), vous scannez le code-barre, c'est vraiment formidable, Monsieur, vous pouvez ainsi contrôler votre budget, plus d'attente à la caisse et, en plus, vous soulagez ainsi le travail des caissières. La jeune dame n'a pas l'air trop à l'aise. Ça doit être dur de commencer un nouveau job dans sa "mauvaise semaine". Je lui réponds que j'aime bien faire travailler les caissières. Elle s'offusque un peu et ne trouve rien de mieux à me dire que si j'utilise le système, on m'offrira un sac à dix centimes gratuit!!! Oufti! Je manque de m'évanouir devant un tel cadeau! 

À la nouvelle caisse hyper-rapide grâce au self-scanning, c'est le bordel total. Ça prend trois fois plus de temps car la malheureuse préposée doit délicatement sortir tous les achats du sac, histoire de voir si le client n'a pas "oublié" une marchandise, puis remettre le tout dans un sac, gratuit... Je me dirige donc vers la caisse de Madame Claude, comme je l'appelle. Elle a une forte poitrine. Je ne sais pas pourquoi, je n'aime pas les femmes qui ont une forte poitrine. Je n'aime pas non plus les femmes qui ont une petite poitrine. En fait, je n'aime pas les femmes qui ont une poitrine. Chacun ses goûts. Il y a quelques années, Madame Claude m'avait dit "oh, vous devriez venir toutes les heures, au moins, avec vous, on a quelques secondes de rire". Parfois même, elles rient tellement qu'elles oublient de scanner un achat. Ce qui ne risque pas d'arriver à la caisse hyper rapide où la file s'allonge de plus en plus. En rentrant chez moi, j'ai vu que Madame Claude avait oublié de pointer le journal. C'est toujours 1,2 euro de pris. Mieux qu'un sac à dix centimes gratuit..