Bancs publics
Ah ! Mon ami Jules Legros est revenu me rendre visite sur le blog. Je l'aime bien, Jules, on n'est jamais d'accord. Et c'est très bien. Par contre, un de ses derniers commentaires me fait un peu tiquer. Celui où il parle des fameux bancs con-sacrés au poète Izoard et dans lequel il écrit que c'est lui, Izoard, qui a détruit la Place des Béguinages...
À Liège, cette place a un côté un peu "parisien". Un petit endroit bien calme entouré de maisons tranquilles, de restaurants discrets. Un bien agréable endroit, je l'admets. Autre chose que l'horrible place Saint-Lambert et que la non moins hideuse place Saint-Etienne...
Hier, rentrant chez moi, j'ai eu l'occasion par le plus grand des hasards, de rencontrer deux ou trois habitants de cette place. Ils étaient en colère. Les six bancs que l'on devait inaugurer aujourd'hui avaient détruit leur place. Ils n'avaient pas été prévenus. Voilà qu'on leur posait six bancs d'un bleu "dégueulasse" (me dit une des personnes). D'un design pire qu'Ikea (me dit une autre). Tout cela posé sur un sol qui, comme le dit Jules, se transformera en boue la première pluie venue.
Donc, tu vois, Jules, que je peux être parfois d'accord avec toi.
Où je ne suis pas d'accord, c'est quand tu dis que le poète a détruit cette place. Comment aurait-il pu ? Cela fait deux ans qu'il est mort. Et que, le connaissant, il n'a certainement jamais poussé à ce que la ville lui consacre un espace public. D'autant moins que cette place ne faisait pas partie de ses "parcours minimes" qu'il appréciait tant. C'est un peu comme si tu disais que les résistants de la dernière guerre avaient détruit le parc d'Avroy en voyant les horribles statues para-staliniennes qui le décorent...
Le destructeur de cette place, c'est le concepteur de ce "projet". Personne d'autre.
Quelqu'un me dit qu'on aurait dû demander l'avis des riverains. Oui et non. Si on avait dû demander l'avis du peuple concernant tel ou tel travail d'envergure ou non, Liège en serait toujours aux murailles de Notger. Mais c'est vrai pour d'autres villes aussi.
Du vivant d'Izoard, la cité ardente lui a consacré une petite fontaine, tout en haut de la rue Wazon. Une phrase gravée dans la pierre avec un simple robinet bien moins atteint d'énurésie que le gamin de Bruxelles. La phrase et le bruit de l'eau formaient un couple. On a arrêté le robinet après quelques mois. Pour quel motif ? La note de consommation d'eau de cette fontaine était bien trop élevée !!! On croit rêver... Mais non, on est à Liège...