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Liège, hélas
4 août 2010

Un peu de pluie dans les yeux

Jeudi prochain, le 12, Elise aura sept ans. Elle ne sera pas ici. Elle sera à la mer avec sa maman. À Saint-Idesbald. À Saintit, comme elle dit. Sept ans, c'est tendre. Mais c'est aussi un des moments où l'on quitte la haute enfance. Cet âge du bonheur pur, brut et inexplicable, comme lorsqu'elle essayait d'attraper le vent de septembre entre ses mains. L'âge du premier flocon de neige sur le bout du nez. L'éclat de rire profond en découvrant, sous la tempête, que papa avait un chapeau de neige. Celui du papillon vulcain venu se poser près de sa main dans le Condroz (comment oublier ses yeux de diamant devant la beauté du papillon qu'elle n'avait jamais vu, sa bouche bée d'émerveillement muet) ? Ses yeux comme des lucarnes bleues, les matins de Saint-Nicolas quand le vieux con avait mis en scène la table sur laquelle brillaient les jouets, les friandises ? Son agacement quand je lui disais que le grand saint n'était pas venu et qu'elle s'emparait de la bouteille de peket vide sur le seuil de la maison. Mais si, il est venu, il n'y a plus rien dans la bouteille. Sa course dans l'escalier. Sans prendre la peine d'enlever son manteau. Son embrassade en découvrant sur la table mon premier (et sans doute dernier) roman. C'est le livre de papa ! C'est le livre de papa ! Sa tendresse sur mes genoux en écoutant un inconnu parler, sur France-Culture de ce dit roman. Sa main sur mon visage et sa voix qui me disait "chut, chut, papa, écoute, on parle de toi, ne pleure pas, ne pleure pas". Sa course dans les couloirs de son école après mes six siècles d'absence en Afrique du Sud. En fait, six petites semaines. Ses rires  quand, après m'avoir maquillé, elle me disait "et maintenant papa, t'oserais aller au GB comme ça"? Et sa fierté, dans le magasin, de voir que j'osais. Son premier feu d'artifices, l'an dernier, à l'occasion de l'inauguration de la gare Calatrava. Papa, papa, viens vite, viens vite voir comme c'est merveilleux ! Et ses yeux qui brillaient plus fort encore que les feux. 

Sept ans, c'est tendre. Mais ce n'est déjà plus la haute enfance. Bien entendu, elle n'est pas encore une "pré-ado", comme elle me le serine depuis déjà trois ans. Mais ce n'est déjà plus l'âge des découvertes. Et, pourtant,malgré tout, plus tard, elle se souviendra encore et toujours de ces merveilles qui l'auront, à jamais, marquée. Et imprégneront, encore et toujours, sa manière de voir le monde, lui donneront les armes pour tenter de dompter la réalité qui, hélas, ne sera pas toujours dans le rose. Et je ne parle pas ici des découvertes qu'elle aura pu faire avec sa maman et dont je n'ai pas eu connaissance. Finalement, c'est peut-être une chance... 

Finalement, elle a sans doute raison quand elle m'interdit d'avoir encore jamais une nouvelle amoureuse sous prétexte que, je cite, "on n'a pas besoin d'une emmerdeuse, hein papa" ?

Non, t'as raison. Deux cents pour cent. Et j'espère que, plus tard, tu n'en seras jamais une. Quoique... Autant demander à une femme d'être un jour vraiment amoureuse...

En ce moment, il tombe une petite pluie sur la rue. Ni froide, ni tiède. Juste une petite pluie. Dans le jardin. Et dans mes yeux...

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