L'Indispensable

L'Indispensable Jean-Pierre Léon a bien aimé mes brèves de comptoir de l'autre jour et en redemande. Le problème, c'est que je ne fréquente plus trop les comptoirs depuis quelques années. Je reviens donc à cette charmante journée de 1985. J'avoue avoir censuré quelques remarques notées dans mon carnet. Mais bon, puisque l'Indispensabe en redemande, allons-y.

J'ajoute que ces brillantes phrases ne sont pas sorties des bouches de la joyeuse troupe syndicaliste en goguette, mais d'un ancien professeur de science et mathématique pour qui la taverne tenait lieu de salle des profs. Ce Pic de la Mirandole voyageait beaucoup. Il avait des facultés rares. S'il débarquait, par exemple, à Bangock à huit heures du matin, à midi, il connaissait le thaï et, à 20 heures, il connaissait tout des coutumes locales. Levy-Strauss aurait dû l'engager : il n'aurait pas eu besoin de vivre jusque cent ans. Et la rédaction de Triste tropiques ne lui aurait demandé que deux jours.

Cet adipeux personnage, suant toujours la bière à grosses gouttes, le cheveu souvent sale (sauf le lundi), la lippe tremblant de suffisance et retenant à peine la cigarette qu'il roulait en reniflant est mort voici quelques années. Je dirais presque dans l'indifférence générale. La coutume de ce café était alors que les habitués versent un billet dans une cagnotte pour acheter des fleurs au défunt. Je ne suis pas certain que la patron ait récolté de quoi acheter une tulipe fanée. Donc, voici les réflexions de cet illustre personnage après s'être invité à la table de nos syndicalistes...

- Moi, je n'aime pas les nègres... C'est normal qu'ils ne m'aiment pas. Comme ça, on est copains...

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- En voyage, je préfère encore pas de W.C. qu'un W.C. sale. Et, attention, hein, je dis ça aussi pour les femmes...

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- Les Chinois, ils détestent le fromage. Sauf celui qu'ils fabriquent et qui est dégueulasse.

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- Ah ! Tu pars au Zaïre le mois prochain ? Je connais, le Zaïre, j'y vais presque chaque année. Laisse-moi te dire une chose qu'il faut que tu saches si tu veux comprendre le Zaïre profond. Quand tu débarques à Kin, tu dois savoir que toutes les nègresses sont des putes...

Bon, je vous avais prévenu, ça vole pas très haut. Mais ça existe quand même...