Vues de Liège
Monsieur mdr me fait l'honneur de prendre anonymement le clavier pour souligner mes allégations incongrues au sujet de "notre" bonne ville.
Je suis bien d'accord avec Monsieur mdr. Liège a ses charmes. Des musées "qui ne parlent pas forcément de littérature" comme il dit. Qui n'en parlent même pas du tout serait plus exact. Encore que, pour parler, faudrait-il qu'ils soient ouverts.
L'Opéra Royal de Wallonie, ses plafonds léprosés, son public du quatrième âge.
La Place Saint-Lambert, trente ans de travaux pas encore terminés, ses architectures bâtardes post-staliniennes et déjà lézardées.
La nouvelle gare de Calatrava dont l'inauguration est une ixième fois retardée à cause d'erreurs de calculs de résistance de la verrière (tiens, la presse reste bien silencieuse sur ce sujet).
Le parc de la Boverie et son musée d'art moderne et contemporain préhistorique. Sa verrière qui fuit. Ses murs sales. Ses volets clos.
D'accord, d'accord, il y a tout cela et bien plus encore dans la longue liste transmise par Monsieur mdr.
En 1977, au moment de la fameuse et pitoyable fusion des communes, Liège comptait 230.805 habitants. Trente ans plus tard, elle en compte 192.718. C'est clair que si, en un peu moins d'un tiers de siècle, une ville perd près d'un quart de sa population, cela signifie que c'est une ville où il fait bon et beau vivre...
Le taux de chômage de cette bonne et belle ville dépasse les 30%. Sans compter les assistés sociaux (plus ou moins 10.000 personnes), les deux à trois centaines de mendiants et le même nombre d'héroïnomanes. C'est clair que lorsque l'on vit dans une belle et bonne ville, la première chose que l'on fait en se levant le matin, c'est de prendre sa petite dose de poudre pour faire passer le goût de la tourie de valpo piquée au Lidl du coin.
Le revenu annuel moyen du Liégeois est de 10.350 euros par habitant. Autrement dit, le revenu annuel moyen du Liégeois se situe tout juste au seuil de la pauvreté. Et que ces 30 ou 40% de Liégeois n'en ont cure de l'Opéra, des cinémas, des magasins, des restaurants, des Université et autres grandes écoles, des théâtres, de la Foire foraine, des nombreuses fêtes locales. Et que le Perron, il y a longtemps qu'ils l'ont dans le fondement.
Mais c'est clair que, dans toute cette misère, il y a matière à poésie.
Passe par Liège, c'est là que ça foire...