L'amarante

Connaissez-vous l'amarante ? Sans doute que oui mais, plutôt que vous la décrire, je vous en montre une photo. Vous voyez que vous la connaissez. On l'utilise, en général, aujourd'hui pour faire gonfler les bouquets chez le fleuriste. C'est une plante originaire du Mexique. Pas une céréale vraiment, mais tout comme. D'ailleurs, elle contient deux fois plus de fer et quatre fois plus de calcium que le blé. Chaque plante peut contenir quatre-vingt mille graines. Toutes parfaitement comestibles. Graines que l'on peut faire chauffer dans un récipient pour en obtenir l'équivalent d'un pop-corn sans ogm garanti. Aztèques, Mayas et autres Zapotèques connaissaient parfaitement les vertus nutritives de cette plante. À tel point même qu'ils la vénéraient autant que le maïs. Afin de donner plus de vertus encore à ce don de la terre, ils aspergeaient les graines du sang des sacrifiés. Puis arriva Cortès. Puis arrivèrent les soldats de l'église du dieu catholique qui, devant cette effroyable cérémonie hurlèrent au sacrilège. Que pensez-vous qu'il arriva ? Les soldats de dieu, venus apporter la bonne parole de l'amour, de la charité, du partage et du respect de l'autre décidèrent de décimer les cultures d'amarante. C'est à ce moment là que l'amarante cessa d'être marrante. De sorte que nombre d'Aztèques, Mayas et autres Zapotèques n'eurent plus rien à manger et crevèrent de faim en moins de temps qu'il n'en faut pour faire deux saisons. Mais cela n'avait guère d'importance puisque les soldats du dieu catholique considéraient Zapotèques, Mayas et autres Aztèques comme êtres plus inférieurs aux chihuahuas qui jappaient sans arrêt dans ces contrées sauvages. Mais cela n'avait guère d'importance puisque les soldats du dieu catholique venaient apporter leur message d'amour, de charité, de partage et du respect de l'autre dans ces régions que l'on pensait couvertes d'or alors que, finalement, elles n'étaient peuplées que de sauvages qu'à défaut de convertir, il valait mieux exterminer. Et ce avec d'autant plus de facilité qu'il faudra attendre près d'un demi millénaire pour que l'on invente le mot génocide. Les soldats du dieu catholique n'avaient donc pas à avoir d'état d'âme. Même si, parmi ces soldats du dieu catholique, il y avait de rares déserteurs portant Bartoloméo de las Casas comme nom ou encore Vasco de Quiroga, ce n'étaient là que des déserteurs... Et non vraiment des soldats de dieu. Ce qui, plus ou moins, en arabe, se dit moudjahidin. Mais bon, comme on le sait, il n'est qu'une seule vraie religion, absolument dogmatique (excusez le pléonasme) et donc incontestable. Qu'une seule église dont les progrès sont tellement remarquables qu'elle en viendrait presque à penser que, peut-être, Galilée n'avait pas tort. Ne parlons pas de Giordano Bruno qui, finalement, n'a eu que le bûcher qu'il méritait. Elevons notre coeur... Et, comme je répondais secrètement lorsque j'étais enfant de choeur : Je pisse au cul de notre seigneur...

Comments

[Feuilly]

Ah, je vois que vous avez écouté le discours du pape devant Notre-Dame de Paris !
Ceci dit, quand il regrettait que certains lecteurs de la Bible n’en comprenaient pas le sens et n’en percevaient pas l’esprit mais se contentaient de la lettre littérale, il pensait aux fondamentalistes américains du style de Bush (lesquels commencent à lui faire de l’ombre et de la concurrence) et non aux exactions passées de sa propre Eglise.

Par ailleurs, la présence du pape n’a pas porté chance aux Parisiens puisque deux bateaux ont aussitôt coulé dans la Seine après son départ. Peut-être avait-il oublié de bénir le fleuve ? Imaginez s’il s’était trouvé dans ce bateau ? L’horreur ! On aurait été obligé d’envahir l’Iran, cette fois car il faut bien toujours trouver un coupable.