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Liège, hélas
30 octobre 2007

Suzanne

Suzanne Bernard est écrivain. Pardon, était. Suzanne Bernard est morte l'an dernier. Elle "vivait" avec six euros par jours. Dommage que je ne l'ai pas connue, avec mes huit euros quotidens, ça aurait fait sept pour nous deux. Il paraît qu'il y a deux millions de poreurs de plumes en France. Dont trois mille gagnent plus de 7400 euros par an et deux centaines de crésus qui arrivent au smic. Les exemples de misère profonde rempliraient plusieurs volumes. Mais, que font les éditeurs ? Les éditeurs doivent payer le papier, l'imprimeur, le distributeur, les libraires. Après ça, il ne reste plus rien pour l'auteur. Ou, au mieux, par un extraordianaire miracle sans cesse recommencé, le nombre d'exemplaires vendus est, pile-poil le même que celui correspondant à l'aumone de l'avance. Il est une vérité bien ancrée dans le milieu de l'édition : si l'éditeur X publie un vague écrivain à succès, c'est, diront les éditeurs, pour pouvoir se permettre de publier de temps à autre (de moins en moins souvent) un auteur inconnu. Et voil l'éditeur se drapant sous la cape du mécène découvreur. Et si, plus exactement, cet éditeur parvient à payer le contrat plantureux d'un best-selleureur, ne serait-ce pas plutôt grâce à l'argent économisé sur le dos décharné des auteurs inconnus ?
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Commentaires
L
Pour être juste, je dois ajouter que j'en ai connu quelques uns aussi, qui après plusieurs livres et des années de misère et de petits boulots, sont parvenus un jour à vivre de leurs bouquins. Et à en vivre bien.
L
Ben oui, beaucoup d'auteurs cumulent les boulots pour vivre. Profs d'université, traducteurs, critiques pour les mieux lotis, barman ou serveuse pour d'autres. <br /> D'ailleurs, vous l'aurez noté, dans l'édition on dit maintenant "auteur" plutôt qu'écrivain. Parce que derrière l'écrivain, il y a souvent un type qui écrit autre chose pour manger, qui reécrit (on dit rewrite) ce que d'autres ont écrit. <br /> J'en connais plusieurs, aussi, qui entre deux passages télé retournent au RMI. C'est comme ça.<br /> Les éditeurs, dans les grosses maisons, sont soumis aux lois de l'entreprise et du marché. Entre le marteau et l'enclume, ils doivent pondre des comptes d'exploitation pour chaque bouquin, penser retour sur investissement, négocier avec l'auteur et leur direction le montant des à valoir, et défendre leurs titres face aux armées de commerciaux (les "représ" - pour représentants) lors de grand-messes trimestrielles. Sale métier.<br /> Chez Flammarion, Raphaël Sorin a été remplacé par Beigbeder, tentation de la culture pauvre (qui ne s'est pas arrêtée après le départ l'an dernier de Beigbeder). Dieu merci, le débonnaire Sorin reste debout, et quelques autres avec lui, mais pour combien de temps encore ? <br /> La culture du chiffre, là aussi, fait son sale travail.
J
Sept euros chacun, vous avez raison de souligner la petite erreur de formulation.
F
Pas sept euros pour vous deux, mais sept euros chacun. Le Pérou quoi.
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