Des chiffres, mais pas de lettres

Un sondage effectué aux Usa pose la question suivante : "Combien de livres avez-vous lu au cours des douze derniers mois"? 25% ont déclaré n'en avoir lu aucun. Voilà qui doit réconforter l'anti-américanisme bien ancré chez nous. La même question a été posée en France. Là, ils sont 39% à avoir donné la même réponse... Vaguement parcouru une ou deux pages de la rédaction de Mazarine Pingeot, "Le cimetière des poupées". C'est suffisamment mal écrit pour être en huitième position des livres les plus vendus. Notons que la médiocrité, voire l'absence de style, semble être une qualité recherchée puisque "L'aube le soir ou la nuit" de Yasmina Reza est toujours en tête du même "top ten" comme on dit en français. Mais peut-être l'absence de ponctuation dans le titre a-t-elle fait croire à la naissance d'un nouveau Proust?

Comments

[Joseph Orban]

@ Feuilly

Ça me rappelle une phrase mille fois répétée de ma mère : "C'étaient des gens bien, ils avaient un piano".

Piano qu'on n'entendait jamais, bien entendu.

[Joseph Orban]

À dire vrai, je vais rarement chez des gens, et, encore moins dans leur chambre (diable merci!). Je connais aussi certains intérieurs où Pléiades, Goncourts, Renaudots exhibent leur couverture et prennent d'autant moins la poussière qu'ils n'ont jamais été ouverts.

Aimer ou non un auteur est fort subjectif, je peux très bien m'ennuyer en lisant une page de Proust et prendre du plaisir en lisant une "chanson idiote". Ce qui m'irrite dans la production littéraire contemporaine, c'est que, d'abord c'est une production, ensuite, c'est de voir certains auteurs se prétendent écrivains alors qu'ils manient à peine l'unique construction sujet+verbe+complément. Quand ils y arrivent...

Mais ce n'est pas nouveau. Il suffit de lire la correspondance de Flaubert et d'écouter ses rugissements au sujet d'auteurs à succès de son époque et dont les noms ne disent plus rien à personne aujourd'hui.

[Feuilly]

Oui, une maison sans livres m'inquiète. Ceci dit, je n’aime pas trop ces bibliothèques ostentatoires où les ménagères empilent dans un ordre impeccable la collection complète de chez France loisirs. Outre qu’elle n’ont lu que ce qu’on leur a imposé, on dirait qu’elles mettent en avant la beauté de l’objet livre (encore faut-il trouver beaux ceux de France Loisir) et non son contenu. Ce sont des livres à montrer et non à lire.

D’un autre côté, je n’aime pas trop non plus ces anciennes bibliothèques où tout est relié en cuir. Reçus sans doute en héritage d’un arrière-grand-père décédé à la fin du XIX° siècle, ces beaux livres n’ont évidemment jamais été lus par leur propriétaire actuel. Ils ne servent qu’à faire comprendre qu’on n’est pas n’importe qui et que « chez ces gens-là », comme disait Brel, on a de la culture.

Enfin, je dis cela, mais ne vous inquiétez pas, je n’ai pas souvent l’occasion d’aller rendre visite à ces héritiers dont les ancêtres ont échappé, on ne sait pourquoi, à 1789. Ces livres comme signes extérieurs de richesse me font penser au piano qui trônait chez la dame où ma mère allait faire des ménages, quand j’étais gosse. Cet objet verni (qu’on n’ouvrait que rarement) servait bien à établir une distinction entre eux et nous, entre les maîtres et les esclaves. Je n’ai jamais aimé les pianos, leur préférant du coup les « sanglots longs des violons de l’automne ».

[souris de bibli]

N'êtes vous jamais étonné lorque vous allez chez les gens de voir le nombre de maisons où il n'y a aucun livre près du lit ou sur la table de salon et pas même une étagère avec bouqins même un peu poussièreux ,.L nombre de foyers ôù le sel journal qui traîne est le programme télé ? Alors "tant pis, tant mieux" si M. Pingeot ou Ysmina Reza restent en tête des ventes de livres...lire , au moins , lire peut-^tre pour ensuite réfléchir.Et puis oublier nos idées préconçues, la BD n'était pas de la lecture quand j'étais petite, les bagarres sur tel ou tel auteur...on aime ou on aime pas ...moi j'aime les maisons où les livres vivent , attendent qu'on les prennent qu'on les aime ou les détestent: polar ou essai philosophique : chacun son niveau intellectuel...juste tourner les pages et aimer le faire..