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Liège, hélas
24 septembre 2007

La vie en rose

Le Mémorial de l'Holocauste de Washington vient de rendre publiques une centaines de photos retrouvées dans l'album personnel d'un adjudant du commandant d'Auschwitz. aus1 Au moins, les "fonctionnaires" et leur femme ne semblaient pas trop se plaindre de l'austère climat de l'endroit. On apprend même qu'ils, elles, disposaient d'une piscine, d'un stade de foot et d'une bibliothèque. Ici, sur la photo, un joyeux pic-nic aux myrtilles le tout au son de l'accordéon. Ces photos m'ont rappelé un projet de pièce de théâtre que j'ai depuis plus de vingt ans en tête : le réveillon de Noël à Berlin de deux familles de "fonctionnaires" "employés" dans cette "usine". Le tout sur la fin du reich. De quoi se plaindre du manque de ravitaillement en tout genre (barbelés, potences, zyklon et j'en passe). Là aussi, grand tollé! Et, pourtant, je suis persuadé que ces réveillons se passaient ainsi. De quoi pouvaient-ils bien parler d'autre? Quand un facteur rentre chez lui, il parle de sa tournée. Quand une caissière de grande surface rentre chez elle, elle parle des clients qui l'ont emmerdée pour un centime d'euro. Quand un prof rentre à la maison, il se plaint de l'imbécillité de ses étudiants. Certes, les cadences devaient être exténuantes. Peut-être même avaient-ils des quotas à remplir. Et ils les remplissaient de crainte de perdre leur emploi. Comme, aujourd'hui, en France, des fonctionnaires se lèveront plus tôt afin de satisfaire les désirs de Hortefeux et de ne pas perdre leur emploi non plus. Bien entendu, écrire ce genre de pièce serait un exercice plus que délicat. Cela demanderait un certain cynisme. Mais un cynisme qui semblerait guignolesque à côté de celui de ceux qui décidèrent cette entreprise. Et il m'arrive bien souvent de penser que, d'une certaine manière, taire le cynisme de ces dirigeants, c'est se faire un peu complice de leur projet. C'est tirer un volet sur la mémoire et la bétonner à jamais. C'est brandir l'étendard du "plus jamais ça" en sachant que ce "plus jamais" est déjà en train de voir le jour. L'a déjà vu, le voit encore. Après tout, pourquoi ne pas "coloriser" les photos révélées par le musée de Washington? On y sentirait encore mieux combien il faisait doux vivre là-bas malgré les cadences et le froid. aus3 Aujourd'hui, en France, une Chinoise sans papier, autrement dit, une anonyme, est morte après avoir sauté par la fenêtre pour fuir des employés du sieur Hortefeux qui travaillaient uniquement dans le but d'atteindre le quota d'expulsion. On ne pense pas que le tsaron se rendra aux funérailles.
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