Il pleuvait

Ce matin, on aurait dit qu'un troupeau de vaches incontinentes traversait le ciel liégeois. Ce n'est pas bien grave, on a l'habitude. Ce matin, il y avait aussi un peu de pluie dans les yeux de certaines mamans (de certains papas) et de certains enfants. La semaine dernière, j'avais lu que 80% des enfants aimaient aller à l'école en me demandant si, pour arriver à ce chiffre incroyable, on n'avait pas interrogé le même enfant. Il est vrai que j'ai toujours détesté l'école depuis le premier jour où l'on m'a obligé de suivre le troupeau. Je l'ai détestée vingt années durant et je la déteste encore aujourd'hui, quand bien même ce serait la meilleure école du monde. Lorsque j'étais enfant, lorsque le sinistre premier septembre se profilait, mes parents devaient faire preuve de grande imagination pour que je prenne le chemin de l'école. J'allais revoir mes petits amis, j'allais jouer, j'allais patati et j'allais patata. Je m'en fichais complètement. Ce matin, j'ai vu qu'Elise avait ce regard triste d'enfant au coin de la cheminée qu'il m'arrive encore d'avoir bien souvent maintenant. Je me suis senti un peu beaucoup con. Je n'allais quand même pas lui ressortir les mêmes phrases que mes parents. Ces phrases qui me mettaient en silencieuse colère. Parce que, non, vraiment, on n'a pas d'amis quand on a quatre ans et qu'on rentre à l'école. On est rien d'autre qu'un enfant qui vient de passer deux mois dans un air plus libre que l'air et que l'on replonge soudainement dans un brouhaha ordonné qui va durer vingt ans sans qu'on le sache encore. Ce matin, pendant que des perles perlaient silencieusement dans les yeux d'Elise, tout ce que le vieux con a trouvé à lui dire, c'était que "pas grave, demain, tu viens chez papa et on va faire plein de biesstrèyes". Ça l'a fait un peu rigoler. Ce matin, même si je sais que c'est une bonne école, j'ai détesté l'école plus fort que jamais...

Comments

[Rousse]

... à l'image de cette première journée de rentrée.
Et moi qui ai rempilé depuis si longtemps ,j'étais face à un puits sans fond ...